Il y a trois ans déjà, nous accueillions des « sans-sapiers » dans nos locaux désaffectés du Val-Benoît. Cette occupation s’était bien déroulée, si ce n’est qu’il y avait parmi eux des grévistes de la faim et que ce n’avait pas été de tout repos en raison de l’inquiétude qu’on pouvait avoir pour l’évolution dramatique de l’état de santé de ces personnes.
Aujourd’hui, nous sommes sollicités de toutes parts pour nous manifester en tant qu’institution universitaire. On nous presse de joindre notre voix à celles qui proclament qu’il est plus que temps de cesser de lanterner ces personnes qui sont plongées parfois depuis très longtemps dans une incertitude complète quant aux critères qu’elles pourraient peut-être remplir pour bénéficier d’une régularisation. Certes, on ne peut imaginer qu’elles soient toutes dans ces conditions mais au moins doivent-elles savoir si c’est oui ou non. En outre, la détention de certaines d’entre elles, dont des enfants, dans des centres fermés pour des périodes prolongées dérange ce que les universités ont de plus profond: leur attachement aux droits inaliénables de la personne humaine.
Comment allier le désir de s’exprimer, le désir de prendre part à la question et le souhait de ne pas vivre à nouveau une occupation passive et non sans risques, avec la sensation de l’inutilité du geste ?
Tout simplement en faisant ce que nous savons faire et, généralement, faire bien: utiliser nos compétences pour attirer le regard des citoyens, de la presse et des personnalités politiques; créer un événement tout à la fois médiatique et utile: un rassemblement-débat où des spécialistes (juristes, sociologues, psychologues, philosophes, politologues, etc.) pourront communiquer leur analyse du problème, voire suggérer des solutions et faire avancer les choses par la réflexion collective plus que par la simple manifestation d’humeur. Ma proposition est une manifestation active, positive et réellement progressiste, faisant usage de nos meilleures capacités. Ce sera aussi le moment de mobiliser nos étudiants et de les sensibiliser à la question. Cet événement pourra se poursuivre au travers d’ateliers auxquels les « sans-papiers » seront invités à participer. C’est donc d’une « occupation » active, positive et créative qu’il s’agira, avec un encadrement compétent.
Venez donc nombreux le mercredi 18 mars de 12h à 14h, au même moment que les autres manifestations notamment à Bruxelles et à Liège, place du Marché, aux Amphis de l’Europe (Sart Tilman) et amenez-y du monde. J’espère que mes collègues professeurs encourageront vivement leurs étudiants à y assister. La prise de conscience citoyenne, c’est aussi un apprentissage indispensable qui fait partie de nos missions.