La semaine a été très chargée avec, entre autres:
- la finalisation difficile du budget 2008,
- une réunion-fleuve de la commission des bâtiments,
- le C.A. du FRIA avec un beau résultat des candidats de l’ULg (25 % alors que notre « quota » de financement au nombre d’étudiant n’est que de 21 %),
- la première réunion de l’étrange (mais intéressant) « Groupe Wallonie-Bruxelles », très hétéroclite, étonné d’être là (on a été avertis par la lecture de la presse!), mais peut-être doté d’une chance unique de s’exprimer quant aux handicaps que notre système institutionnel francophone belge nous impose,
- une conférence de presse (n’intéressant guère celle-ci!) sur les investissements de la Communauté Française en recherche,
- la séance d’hommage à nos professeurs émérites et honoraires, longue car ils étaient 19 à nous quitter,
- un saut à Londres (magie de l’Eurostar) pour y introduire la journée d’étude des universités du Royaume-Uni sur les dépôts bibliographiques institutionnels en accès libre par une conférence sur EurOpenScholar,
- une réflexion approfondie sur l’avenir des écoles d’architecture dans le cadre de leur éventuel rattachement universitaire,
- un Conseil des Doyens sur l’évolution du personnel académique et scientifique des facultés en 2008
- et un colloque à présider dans ma spécialité scientifique.
Mais tout ceci est bien dérisoire face à la tragique réalité du décès d’une jeune fille de 20 ans qui était notre invitée dans le cadre des échanges européens Erasmus-Socrates.
Sofia avait quitté momentanément le soleil de Sienne pour les brumes du Nord. Pour venir suivre chez nous les cours de Philologie romane. Pour venir connaître et apprécier Liège et sa vie estudiantine. Pour se perfectionner, apprendre le français et aider à construire une Europe plus ouverte, plus libre et merveilleusement multiculturelle. Certainement pas pour y finir sa jeune vie sous l’étouffoir sournois du monoxyde de carbone, du « tueur silencieux » que nous redoutons tant pour nos étudiants en « kot » et qui fauche encore trop de monde à l’entrée de l’hiver. Et ceci malgré les appels à la vigilance et le souci constant que nous avons, depuis plusieurs années, avec la Directrice générale à l’Enseignement et à la Formation, Monique Marcourt et son équipe ainsi que mon Conseiller à la Santé, le Professeur Jean-Olivier Defraigne, d’avertir les jeunes ainsi que les propriétaires de l’immense danger que ce fléau représente et de la stupidité révoltante des accidents de ce genre.
J’ai écrit mon désarroi et ma tristesse aux parents de Sofia et au recteur de l’Università per Stranieri di Siena. Selon le Consul général d’Italie, nos services administratifs qui ont les étudiants d’échange en charge ont été parfaits, dignes et remarquablement efficaces vis-à-vis de la famille dans les moments tragiques qui ont suivi et je les en félicite. Mais à quoi sert-il d’être bouleversé lorsque l’irréparable s’est produit? Quels mots peuvent atténuer la douleur d’une famille face à une tragédie aussi insoutenable? Comment expliquer à ceux qui nous rendent visite que de tels accidents, dont les causes sont archi-connues, peuvent encore se produire chez nous? Que « ce sont des choses qui arrivent »?
J’ignore les circonstances précises de la mort de Sofia. Je n’accuse donc personne. Mais quoi qu’il en soit, ce n’est pas le premier drame de cette nature qui frappe nos étudiants, ni même nos étudiants étrangers. J’appelle donc la communauté universitaire tout entière, qui partage assurément ma profonde émotion, à participer à cet effort constant de vigilance, à diffuser les informations élémentaires aux nouveaux venus et à créer une prise de conscience collective de ce danger évitable. Je l’appelle aussi à manifester son indignation face aux négligences criminelles encore trop souvent tolérées, comme s’il était normal de faire de l’argent en louant à des étudiants des logements dont les installations de chauffage sont inadéquates ou facilement dérèglables. Il faut que cela cesse. Chacun de nous porte une petite parcelle de responsabilité dans le succès ou l’échec de cette mobilisation pour que toutes les Sofia d’Europe et d’ailleurs puissent désormais venir chez nous, apprendre à connaître et apprécier notre université, notre ville et notre pays, élargir leurs horizons et repartir bien vivantes, en ambassadrices dynamiques de notre Alma Mater, sans courir le risque stupide d’une mort absurde et intolérable.