Premier discours prononcé lors de la Séance solennelle de Rentrée académique de l’ULg, le 22 septembre 2010

Je voudrais commencer par remercier notre nouveau Maître de Cérémonie, le Professeur Jean-Jacques Claustriaux, Vice-recteur Honoraire de la Faculté des Sciences agronomiques de Gembloux, pour avoir accepté de prendre la relève de notre collègue de Professeur Robert Laffineur, aujourd’hui admis à la retraite. Je remercie également notre nouveau secrétaire académique le Professeur Bernard Jurion qui succède au professeur Luc Angenot.
Je remercie d’emblée Jacques Stotzem d’avoir accepté de nous accompagner tout au long de cet après-midi. Guitariste verviétois, autodidacte de talent, Jacques Stotzem est un orchestre à lui seul. Sa collaboratrice, Anne-Françoise Biet, le qualifie de «guitariste inclassable, bousculant les règles de la musique avec un naturel désarmant et redessinant avec son âme les frontières du « fingerpicking ». Il flirte avec le blues, le folk, le jazz, le rock ou encore des sonorités qui invitent aux voyages et rappellent les contrées asiatiques lointaines où régulièrement il se rend». On dit de lui que sa musique évoque l’image, que sa musique est une image ! Qui aurait, dès lors, mieux que lui, accompagné nos invités aujourd’hui ?

Cette année, nous saluerons d’emblée la présence des personnalités qui recevront dans quelques instants les Insignes de Docteur Honoris Causa de notre Insitution: Agnès VARDA, William KLEIN, Santiago CALATRAVA et Victor BURGIN. Malheureusement, pour des raisons impérieuses de santé ou d’agenda, Pierre ALECHINSKY, Jacques PERRIN et Bill VIOLA n’ont pu nous rejoindre aujourd’hui. Ils nous ont cependant fait le plaisir de nous promettre de venir à l’Université de Liège au cours de cette année académique. Aujourd’hui, ils seront représentés respectivement par Michel DRAGUET, Directeur du Musée des Beaux-Arts et professeur à l’Université Libre de Bruxelles, Monsieur le Consul Général de France Zaïr KEDADOUCHE et Monsieur Robert STEPHANE, chargé de cours honoraire de l’ULg que nous connaissons tous comme brillant journaliste, Directeur honoraire de la RTBf, passionné de vidéographie et ami de Bill Viola.

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Il est des moments, dans la vie, où la fonction qu’on exerce vous apporte des bonheurs insoupçonnés. J’ai aujourd’hui cette chance et je me suis empressé de la saisir. Depuis ma plus tendre adolescence, j’ai nourri pour l’image une véritable passion. Arrière petit-fils d’un pionnier de la photographie, fils de peintre et père de vidéaste, c’est donc bien d’une fibre familiale qu’il s’agit, même si, à chaque génération, nous avons su modestement reconnaître nos limites et même si, pour ce qui me concerne, le talent est bien plus imperceptible que celui des trois autres.
Néanmoins, cette passion, que j’ai pu discrètement infiltrer dans ma vie de chercheur et d’enseignant, m’a fait connaître — par œuvre interposé — et m’a fait admirer des personnalités nombreuses et variées.

Aujourd’hui, c’est donc à d’illustres représentants des arts de l’image que sont réservés les honneurs académiques et c’est un vieux rêve, vaguement conscient, qui s’accomplit pour moi. J’espère que vous partagez mon plaisir.
Les personnalités que nous honorons ce jour ne sont pas seulement des maîtres incontestés de leur art, mais en outre — et c’est bien là le premier fil rouge qui relie nos invités — ils ont ajouté d’autres cordes à leur arc et se sont également distingués dans des arts connexes, voire différents. C’est ce que j’appelle «le supplément de génie».
Il existe aussi un second fil rouge, moins visible sans doute, et moins complet, qui sont les liens qui se sont tissés entre plusieurs de nos invités au fil de leur existence, ainsi que l’admiration qu’ils se portent mutuellement. Vous devriez percevoir ces liens dans les séquences de présentation.
Aussi, aujourd’hui n’est-ce pas un échantillonnage de célébrités au hasard qui est devant vous, mais une logique les relie.

Le thème de l’image me tenait à cœur, vous l’avez compris, mais il n’est pas fortuit. Il correspond à une préoccupation importante dans le monde entier et tout particulièrement ici, où les technologies de l’image se développent dans l’excellence, dans notre université, chez nos ingénieurs, chez nos médecins, chez les deux ensemble, mais aussi dans le département de communication, chez nos philosophes, chez les chercheurs et les enseignants de toutes nos facultés. J’ai le plaisir, à cette occasion, de vous annoncer le lancement, à la fin de cette année 2010, d’un nouveau media de communication de notre Institution qui diffusera des séquences audiovisuelle d’information sur l’enseignement, la recherche et les diverses activités et spécificités de l’Université, en un mot, la WebTV-ULg. On retrouve cette excellence dans notre région, où les entreprises impliquées dans le développement de l’image fixe ou animée, télévisuelle ou cinématographique, se développent avec le succès que l’on sait. De nombreuses activités telles que le festival ImagéSanté ou le festival 3D, dans lesquels l’Université et le CHU sont partie prenante, donnent à Liège une connotation de «pôle de l’image». Le thème de cette rentrée est donc aussi un constat et le soutien des gouvernements, tant régional que communautaire, à toutes ces initiatives n’est pas étranger à leur succès.

Mais le thème de l’image, dans une université, c’est aussi celui d’une certaine précaution, d’une vigilance par rapport à son aspect trompeur, à la manipulation qu’on peut en faire. Car si l’image est au centre de notre civilisation aujourd’hui, sa déformation ou, plus exactement, la désinformation qu’elle peut apporter, volontairement ou non, doivent demeurer au cœur de nos préoccupations. Car l’image n’est pas que belle ou laide. Elle peut aussi véhiculer des messages et des idées. Elles peut inciter à l’action par symbolisme ou par provocation. Et c’est là que la méthode et l’expérience doivent intervenir pour nous protéger de ces effets pervers. C’est un des objectifs d’une formation universitaire bien comprise, qui laisse à l’émotion son champ d’action, mais qui limite rationnellement ses effets délétères.

L’image, c’est le reflet de la réalité. A nous d’apprendre à mesurer le degré de fidélité de ce reflet. L’image, c’est aussi le rêve, la fantaisie, l’imaginaire. Elle peut donc être tout et son contraire. Le rôle de l’Université aujourd’hui, est de l’utiliser au mieux à des buts scientifiques sans se fermer aux aspects artistiques, à l’onirisme et à la fantaisie. L’image est aujourd’hui omniprésente, rendons hommage, à travers elle, à celles et ceux qui ont su en faire une si bel usage.