dim 23 mai 2010
Le Conseil d’Administration d’avril 2010 a décidé d’imposer un test de français à tous les étudiants entrant à l’ULg, à effectuer lors du premier quadrimestre. Ce test existe depuis le milieu des années ’90, comme service aux étudiants. Il leur permet d’évaluer leur connaissance du français dès l’entrée à l’Université et, en cas de défaillance, de bénéficier d’une remédiation. C’est donc bien un service et nullement un contrôle. Il n’est communiqué qu’à l’intéressé et n’a aucune incidence sur des évaluations ultérieures, quelles qu’elles soient.
La nouveauté est aujourd’hui que le test devient désormais obligatoire et qu’il sera accessible en ligne. Le caractère obligatoire, tout en préservant la discrétion, sera appliqué par une procédure simple: le test sera mis à disposition de l’étudiant sur son « MyULg »; tant qu’il n’y aura pas répondu ou qu’il n’aura pas signifié par un simple « clic » qu’il ne souhaite pas passer le test — geste on ne peut plus simple —, celui-ci restera disponible et cette non-participation restera visible dans son dossier. Dans ce cas, une sanction devra être appliquée, non pas pour non-réussite du test, mais pour non-passage du test. Ceci ne semble pas excessif! Par contre, l’étudiant qui, informé de ses lacunes, juge qu’il pourrait bénéficier d’une remédiation, pourra la demander et elle sera organisée pour lui.
Cette initiative n’a pas manqué de susciter des remarques.
• Les premières concernent l’accessibilité d’un tel test pour d’autres étudiants, ceux des années supérieures et surtout les étudiants étrangers. Il est clair qu’ils pourront tous le passer, mais qu’il ne sera obligatoire que pour les « premiers bacs ».
• Les deuxièmes portent, assez classiquement, sur notre capacité de prendre en charge la remédiation. Comme d’habitude, je remercie les inquiets pour leur sollicitude, mais il est vrai que nous n’avons pas l’habitude de négliger la prévision des moyens de notre politique…
• Enfin, le troisième souci est celui de voir s’installer un test obligatoire qui ne serait que la préfiguration d’un examen d’entrée. Il me paraît pourtant bien clair que ceci n’a rien à voir et je peux le garantir, au cas où quelqu’un pourrait trouver une relation entre les deux.
Retenons simplement que ce test
1. est conçu en faveur des étudiants, afin de leur permettre déviter des échecs liés à la mauvaise compréhension des cours, des nuances qui s’y trouvent et dont l’importance peut être capitale, et même de l’énoncé des questions d’examen;
2. constitue une charge supplémentaire pour l’Institution;
3. est gratuit pour l’étudiant;
4. n’entraîne aucune conséquence sauf celles que l’étudiant décidera de mettre en œuvre et n’est pas communiqué aux corps encadrant;
5. ouvrira la voie d’une remédiation également gratuite pour l’étudiant, mais coûteuse pour l’Université.
C’est un beau projet, techniquement difficile et qui demandera beaucoup d’efforts à de nombreuses personnes, tant pour sa préparation que pour son fonctionnement, ainsi que pour la remédiation à organiser. Je les remercie tous dès à présent. Et j’espère que les étudiants comprendront bien que ce test n’est pas dangereux, qu’il est purement informatif et qu’il est fait pour eux.
Je trouve cette initiative très intéressante et vraiment nécessaire. Dans le monde du travail à l’heure actuelle, il n’est pas rare de rencontrer des personnes ne sachant pas s’exprimer correctement par écrit surtout au niveau orthographique. Le niveau doit être remonté sur les bancs de l’école et il n’y a pas d’âge pour s’attaquer au problème.
Commentaire de Laven Isabelle, le 28 mai 2010 à 8:01Bravo! Professeur de français dans le secondaire supérieur, (à peine) retraitée, je ne peux qu’approuver cette initiative. Lacunes en orthographe, grammaire, vocabulaire, mais aussi inaptitude à synthétiser et à rédiger, tels sont les problèmes récurrents de notre enseignement.
Commentaire de DEVILLERS Marianne, le 28 mai 2010 à 21:00Mais peut-être l’Université ne serait-elle pas obligée d’en arriver là si « certains responsables » décidaient d’attaquer le mal à la « racine », toute édification nécessitant des BASES solides…
Toute occasion est bonne à prendre pour se plaindre du niveau des étudiants en particulier en ce qui concerne leur orthographe…cela se fait depuis des siècles !
Commentaire de PASCAL DECHENE, le 1 juin 2010 à 16:28Il ne faut pas oublier d’incriminer au passage les différents niveaux d’enseignement de la maternelle au secondaire.
Ce qui est sans doute plus difficile, c’est de mettre en place la fameuse « remédiation » ( tiens, le correcteur orthographique souligne le mot comme une erreur…?!?) qui ferait suite à ce test obligatoire.
Tout d’abord, vous n’avez pas saisi l’objectif. L’orthographe est devenue, depuis longtemps déjà, le cadet de mes soucis. D’aucuns n’hésitent d’ailleurs pas à la réformer, on pourrait discourir là-dessus pendant des heures. Que certains étudiants aient une mauvaise orthographe importe aujourd’hui assez peu et ce n’est, en effet, pas nouveau.
Non, ce qui importe, c’est la compréhension des termes. La quasi-disparition du latin et du grec, sources de notre langue, dans le secondaire, a lourdement contribué à la mauvaise compréhension des mots. Un exemple: peu d’étudiants arrivent aujourd’hui à l’université en faisant clairement la distinction entre des termes comme « inclure », « insérer », intégrer », assimiler ». Chacun de ces termes a une signification bien spécifique, et la distinction entre eux est essentielle dans la très grande majorité des matières, quelle que soit l’orientation. Une mauvaise interprétation peut être fatale lors de la réponse à une question d’examen.
Que les responsables de l’encadrement des jeunes, de la maternelle au secondaire, culpabilisent lorsque nous faisons ce constat, je peux le comprendre, mais mon objectif n’est que très peu celui-là, je n’y ai d’ailleurs pas insisté. Il est vrai que des mesures plus précoces pourraient aider fortement. Nous ne pouvons cependant pas escamoter ce problème pour ne vexer personne.
Merci de reconnaître qu’il sera difficile de mettre en place la remédiation (c’est vrai que le correcteur orthographique souligne le mot comme une erreur, mais cela m’est égal puisque tout le monde utilise ce terme aujourd’hui et comprend ce que cela veut dire). Nous l’avons mise en place depuis très exactement quinze ans et elle rend des services bien utiles à ceux qui décident d’en profiter. Mais comme seuls 5 à 8 % des étudiants passent le test s’il n’est pas obligatoire, et que ce sont en général des étudiants plutôt sûrs d’eux qui le font, le remède n’est vraiment pas optimal. En rendant l’autoévaluation obligatoire pour tous, nous espérons que nombreux seront ceux qui profiteront de ce service gratuit. Nous sommes prêts à les accueillir. A vous, comme à tous ceux qui se préoccupent régulièrement de savoir si j’aurai les moyens de ma politique, je dis: « c’est gentil de vous en soucier, mais ça ira, merci ».
Commentaire de Bernard Rentier, le 2 juin 2010 à 6:46Monsieur le Recteur,
Je vous remercie pour votre réponse complète et nuancée. Permettez-moi de préciser que j’ai, au contraire, bien saisi l’objectif de votre démarche à l’Université de Liège.
Tout d’abord, je voudrais dire que je suis un ardent défenseur des rectifications orthographiques que j’enseigne à mes étudiants en logopédie.
D’autre part, je participe depuis deux ans la la conception du test EFES sous la responsabilité de M. Defays et de ses collaborateurs. J’ai d’ailleurs animé un atelier-consacré à la remédiation- lors de votre journée d’étude portant sur ce sujet.
Je constate, comme vous le faites, certaines lacunes dans la maitrise d’un lexique riche et nuancé chez nos étudiants mais le test EFES n’évalue pas que cela. De plus, vous le savez mieux que moi, il est bien plus aisé d’améliorer l’orthographe ou la grammaire de nos étudiants que de mettre en place un dispositif qui a pour objectif l’enrichissement du vocabulaire (si l’on ne prend pas en compte le lexique spécifique aux disciplines qui fait, lui, l’objet d’un enseignement explicite)
Je suis ravi d’apprendre qu’il existe à l’Ulg de la remédiation gratuite en maitrise de la langue. Cela implique la possibilité pour les étudiants de continuer à progresser pendant les études supérieures.
Mais est-il toujours vrai que les étudiants de 3° bac qui se destinent à entrer dans les masters en logopédie se voient refuser l’accès à ces masters s’ils échouent à un test de maitrise du français ?
Finalement, je partage en grande partie votre point de vue et mon premier commentaire était principalement destiné à m’opposer aux discours convenus et ronronnants à propos de la maitrise de la langue.
Croyez bien que j’approuve et soutiens toute initiative visant l’amélioration des compétences transversales de nos étudiants.
P. Dechêne
Commentaire de PASCAL DECHENE, le 3 juin 2010 à 9:01Merci. Vous posez la question: « est-il toujours vrai que les étudiants de 3° bac qui se destinent à entrer dans les masters en logopédie se voient refuser l’accès à ces masters s’ils échouent à un test de maitrise du français ? »
Nous avons actuellement à l’ULg un cours d’auto-apprentissage (principalement de l’e-learning et quelques séances en présentiel) au programme du Bac2 en logopédie (pas en Bac3) depuis octobre 2006. A l’époque, les représentants de toutes les institutions habilitées pour la formation en logopédie (UCL – ULB – ULg mais aussi 5 Hautes Ecoles) avaient sollicité le cabinet de la Ministre de l’Enseignement supérieur de l’époque pour mettre en place un examen commun de maîtrise de la langue, tout le monde étant, en effet, confronté aux mêmes lacunes des étudiants. Ce processus n’a pas abouti car la FEF, adversaire de toute forme de sélection préalable (favorisant ainsi indirectement l’année qui conduit à l’échec, pour une raison qui m’échappe), a marqué une vive opposition à ce projet. Suite à cela, en l’absence de directives ministérielles, les trois universités ont décidé de commun accord de mettre un dispositif en place: les trois enseignantes universitaires Marie-Anne Schesltraete (UCL), Jacqueline Leybaert (ULB) et Christelle Maillart (ULg) imposent un examen identique à leurs étudiants en logopédie.
Il s’agit d’un test de niveau en langue française qui comprend 4 parties :
- une dictée (environ 400 mots) issue d’un roman contemporain (pas une dictée de Pivot !);
- un exercice de détection d’erreurs dans un texte, similaire au travail d’un logopède qui doit être capable de détecter (et de corriger!) les erreurs de ses patients;
- un QCM portant sur du vocabulaire et de la syntaxe (adapté des questionnaires classiques de l’ILSV);
- des questions sur le livre «Orthographier» de Fayol & Jaffré (2008)- PUF. Il s’agit d’un livre de vulgarisation bien construit sur le système orthographique du français et sur son fonctionnement, faisant bien la différence entre orthographe lexicale ou grammaticale, etc.
Cet examen a lieu à livre ouvert. Il s’agit donc de vérifier la compréhension des notions abordées.
Les étudiants passent un test d’auto-évaluation en octobre, un test dispensatoire en janvier puis deux sessions d’examen en juin et septembre et doivent, à un moment de ce parcours, réussir l’épreuve. Pour les aider, un cours en ligne est disponible sur webCT (exercices, dictées enregistrées, textes à corriger, etc.). Le niveau d’exigence est loin d’être insurmontable. Malgré cela, le taux d’échec est important. Il est pour le moins étonnant que les étudiants, lorsqu’ils choisissent une formation comme la logopédie, présentent d’importantes difficultés en langue française (en orthographe mais aussi en vocabulaire ou en syntaxe!).
Je tiens cet ensemble de précisions de la professeure C. Maillard, que je remercie. Elle signale également sa satisfaction de voir se généraliser le test à tous les étudiants de Bac1, même s’il ne consiste qu’en une autoévaluation sans autre conséquence que celles que voudra tirer l’étudiant. On peut imaginer que ceux qui auront pris ce test et la remédiation éventuellement nécessaire présenteront d’autant plus aisément l’examen de Bac3 avant de s’aventurer en logopédie.
Pour en revenir à mon avis personnel, j’imagine que votre question visait bien à vous assurer qu’on n’ait surtout pas eu l’idée saugrenue de supprimer cette épreuve. En effet, lancer un étudiant présentant des déficits sérieux en langue française dans un cursus de logopédie semblerait aussi saugrenu (et dangereux) que de confier une formation d’auto-école à quelqu’un dont on n’aurait pas vérifié qu’il était détenteur d’un permis de conduire.
Commentaire de Bernard Rentier, le 5 juin 2010 à 15:41Merci pour cet échange intéressant.
J’aimerai préciser que lorsque l’Union Professionnelle des Logopèdes Francophones a interpelé la Ministre Simonet pour mettre en place un examen d’entrée en logopédie, j’étais président de la fédération des Ecoles de Logopédie qui dispensent le bac en communauté française. Cette demande n’émanait pas pas des HE et l’examen d’entrée dans les masters n’existait qu’à l’UCL. La FEF mais aussi Madame Simonet se sont t opposés à cette proposition.
Je suis évidemment d’accord avec le fait que la maitrise de la langue est un outil essentiel du logopède mais je « milite » pour que la formation à une meilleure maitrise de cette langue se poursuive dans l’enseignement supérieur suivant en cela l’avis du professeur Legros. Supprimer l’épreuve non, mais la prévoir plus tôt et organiser de « vrais cours ». Un étudiant qui s’inscrit en langues et littératures modernes doit aussi « avoir son permis de conduire » (je parle d’un bon niveau dans les langues qu’il choisit ) mais il continue à bénéficier de cours spécifiques qui lui permettent de continuer à progresser.
Est-ce là une analogie acceptable ?
P. Dechêne
Commentaire de PASCAL DECHENE, le 6 juin 2010 à 16:29L’initiative serait peut-être prise encore plus au sérieux si les documents de travail (syllabi, slides…) n’étaient pas, eux aussi, parfois bourrés de fautes.
Ne généralisons pas, évidemment, mais au prix que coûtent ces supports, je pense que nous devrions TOUS soigner notre orthographe.
C’est un autre problème, j’en suis conscient, mais je souhaitais simplement montrer la vision des étudiants assis sur les bancs de l’école, parfois consternés par ce qui est écrit sur le grand tableau vert.
Commentaire de Arnaud Blouvé, le 16 juin 2010 sur le blog interne
Commentaire de Bernard Rentier, le 16 juin 2010 à 11:28Bonjour,
J’ai vu un commentaire, de marianne devillers
C’est une histoire très ancienne, après laquelle je coure
Si Marianne se reconnait, c’est avec un immense plaisir que je lirais ses messages
Jean Claude
Commentaire de godard j c, le 11 oct 2010 à 16:25Bonjour,
Bien que ma recherche, ne s’intègre pas dans votre sujet, ce dont je m’excuse, je souhaite rentrer en relation avec Marianne Devillers qui c’est exprimée dans votre site
jean-claude.godard4@wanadoo.fr
Merci pour votre aide
Commentaire de godard, le 28 août 2011 à 12:35