De l’évolution du paysage de l’enseignement supérieur

Nos universités doivent se définir des spécialités et des priorités, se singulariser. Trouver les complémentarités. La qualité d’une université, à l’avenir, sera bien moins fonction de sa taille ou de sa localisation géographique que de sa capacité à s’insérer dans des réseaux scientifiques internationaux, donc de sa capacité à innover, à s’adapter rapidement aux évolutions de la recherche et de l’enseignement, et à proposer une offre de formations qui la « labellise » de manière originale. Pour cela, elle se doit de définir clairement ses points de force, évidemment liés en premier lieu à la recherche. Elle doit, en permanence, mettre en évidence les originalités et l’excellence de sa recherche, dans des domaines qu’elle ne devra pas hésiter à choisir préférentiellement et à faire largement connaître.

Le paysage de l’Enseignement supérieur en CFB gagnerait beaucoup en lisibilité si, après le regroupement en Académies, ce qui est fait, et la fusion des institutions en leur sein, ce qui est en cours, on se décidait à prolonger l’effort en intégrant les filières de type long. Ainsi les étudiants se verraient proposer, à l’entrée dans le supérieur, une gamme étendue de possibilités au sein-même de l’Université. Cela permettrait de gommer les idées préconçues quant à une hiérarchie de qualité et de mérite, de revaloriser les filières des hautes écoles dans l’Université agrandie et, par conséquent, de faire disparaître le besoin de venir en touriste à l’université pour y subir des échecs et devoir se réorienter vers ce qui est alors pris comme un “pis-aller”.
 En outre, la coexistence, au sein des universités, des différentes filières permettrait une orientation plus efficace, une aide au choix, mais aussi une réorientation rapide et intégrée par des passerelles simples dans un sens comme dans l’autre. Ces rassemblements sous une seule bannière universitaire doivent évidemment satisfaire à une logique de zones géographiques. Mon point de vue diffère en cela de celui de certains de mes collègues recteurs, cela ne vous étonnera pas, mais je suppose qu’une certaine logique prévaudra.
Malheureusement, les possibilités légales d’ainsi intégrer ces enseignements sont rares et ne sortent qu’au coup par coup. Il serait bon qu’elles aboutissent vite.

Nous avons bénéficié cette année de l’habilitation conférée à la Haute Ecole de la Ville de Liège Hazinelle pour l’organisation conjointe d’un bachelier, puis d’un master en Traduction-Interprétation. La première rentrée est significative: 122 étudiants sont inscrits à ce jour, révélant le vif intérêt des étudiants pour ces disciplines qui sont plus que demandées à Liège. Par ailleurs, je puis déjà vous annoncer un scoop: les deux hautes écoles du réseau officiel de la CFB, « Charlemagne » et « Robert Schuman », déjà associées à notre Académie, vont prochainement fusionner pour former la Haute Ecole Wallonie-Europe. Dès que les conditions décrétales le permettront, elles s’intégreront à notre université.