ven 18 juil 2008
En 2008, quand on fait partie des élus de la Fédé (Fédération des étudiants de l’ULg) et qu’on a une question à poser, on ne perd pas son temps à s’informer, par exemple auprès de son recteur. Ca risquerait d’ôter tout le fun. Non, on envoie un communiqué à Belga. Beaucoup plus drôle.
Pourtant, si on s’était un peu renseignés, on aurait compris.
En 2001, l’ULg décide de vendre son Home Ruhl, Boulevard d’Avroy. Il n’est plus aux normes de sécurité incendie/conformité ascenseur/peintures intérieures (mise en ordre: 1,429 millions d’euros). Il n’est plus au goût du jour, toilettes et douches collectives, équipement des années ’60, etc. (mise en état: au minimum 2,5 millions d’euros). Les critiques de parents et d’étudiants étaient virulentes. Mais allions nous dépenser toutes ces sommes cumulées? Les prix des locations auraient grimpé en flèche et de manière déraisonnable pour des améliorations mineures.
En 2006, après 5 ans de recherches, nous trouvons enfin un acquéreur qui accepte nos conditions: nous vendions mais l’acheteur devait maintenir la fonction de “logement pour étudiants”. Pas étonnant qu’il ait fallu attendre si longtemps: les conditions sont inacceptables pour la plupart des amateurs. Finalement, ça y est. Nous obtenons un maximum de garanties: logements individuels, confort, gamme de prix rencontrant la demande (étudiants, étudiants étrangers en Erasmus, chercheurs visiteurs). En ville, rien que des “kots”, pléthore de kots, beaucoup sont inoccupés, ou hôtels. Manque cruel de logements adaptés à toute clientèle universitaire. L’affaire est conclue, le Conseil d’administration (qui compte à l’époque 4 étudiants) vote unanimement pour. Tout le monde comprend que l’occasion est idéale et qu’on ne peut la manquer, même si le prix est modeste. Pendant un an, l’acquéreur laisse, comme promis, les étudiants finir leur année sans changer les conditions ni les prix et leur laisse un préavis confortable avant d’entamer les restaurations en été 2007.
Juillet 2008, les travaux sont finis. Le propriétaire ouvre et annonce des “kots luxueux”. Il sont confortables et agréables, c’est vrai. Les prix vont de 400 à 650€. Pas bon marché mais aux normes du marché pour la qualité. Rien à dire. Il existe une clientèle qui peut et souhaite se le permettre. Le marché des kots reste ouvert et excédentaire à Liège, donc pas de problème.
Dès 2006, nous avons provisionné une somme confortable pour apporter un appoint aux étudiants en difficulté financière qui souhaitent louer un logement. A la grande satisfaction des étudiants du Conseil, qui votent comme les autres membres ce subside. En outre, avec l’accord unanime des étudiants également, nous décidons dès ce moment de consacrer le fruit de la vente du bâtiment à la création ou l’amélioration d’infrastructures destinées aux étudiants au Sart Tilman.
Les étudiants d’aujourd’hui ne sont plus ceux de 2006. Sans doute. La roue tourne. Mais si la communication n’est pas bien passée d’une “génération” à l’autre, pourquoi ne pas tout simplement chercher à comprendre, pourquoi ne pas poser la question? Pourquoi dégainer avant de s’informer?
Mr Le Recteur,
Je vous remercie d’avance de l’attention que vous porterez à ma réponse.
Je fais partie de la « nouvelle » génération de représentant étudiant, ou plutôt de celle qui n’était pas encore là à l’époque des prises de décisions concernant la revente des Homes.
Je comprends tout à fait celle ci, ne la remets pas en cause et soutiens le vote effectué par nos prédécesseurs.
Cependant, si ces derniers ont souhaité que ces logements étudiants en restent, ils se sont également inquiétés de la conservation de la vocation sociale que possédaient ces kots précédemment.
Or, même si en regardant le rapport qualité en fonction du prix demandé on peut tout à fait comprendre ce prix, il est indéniable que la qualité de « logement social » à tarif réduit pour les étudiants moins nantis n’a pas été conservée… au profit du luxe que les futurs habitants de ces logements pourront se permettre!
La question que, personnellement, je me pose estr:
*La priorité doit-elle être donnée au confort (luxe?) pour ceux qui en demandent, et donc peuvent se le permettre ?;
*Ou à donner à chaque étudiant la même chance, et cela de manière durable, d’accéder aux missions de l’Université:
« L’Enseignement et la Recherche », ou » l’émancipation par le savoir. »
Car fixer des missions à l’Enseignement Universitaire, c’est très bien, mais donner des chances égales à tous les étudiants quelque soient leurs origines ou revenus, c’est nettement mieux.
Je terminerai en me permettant cette réflexion: Si l’Université se veut également être un lieu où l’on forme les étudiants à être les futurs acteur d’une société plus juste, peut-être pourrions-nous commencer par être, nous même, à l’Ulg , un exemple ?
Respectueusement,
Romain Kocks.
Commentaire de Romain K., le 19 juil 2008 à 15:10Les éléments repris ici n’avaient pas échappés à la Fédé. Ils ne remettent pas en cause sa position. La vente du home Ruhl était une erreur, pour toutes les raisons que nous avons évoquées dans le communiqué.
Vous expliquez que la gestion et la rénovation du home Ruhl coutait trop cher et ne pouvait être assumée par l’ULg sans hausse des loyers. C’est bien cela qui est interpellant. Le fait qu’une université comme la nôtre ne puisse/veuille plus consacrer de moyens à ses résidences est, en soi, alarmant. Ça l’est d’autant plus que le coût des études ne cesse d’augmenter, et que les dispositifs d’aide au logement pour les étudiants sont déjà très faibles (voire inexistants).
Bien sur, le marché des kots à Liège reste ouvert, l’offre est pléthorique, etc. Mais cela signifie t-il forcément qu’il n’y a pas de problème ? Les prix pratiqués par les homes universitaires sont hors concurrence, et par ailleurs relatifs à la situation sociale de l’étudiant. Il ne sera désormais plus possible de se loger au centre-ville selon cette formule, qui est pourtant la plus favorable aux étudiants. Au regard de cette réalité, vous comprendrez donc que de simples motifs gestionnaires ne peuvent excuser la vente du home Ruhl, pas plus que sa reconversion en kots “haut de gamme” ne puisse être considérée comme un pis-aller acceptable.
Vous semblez dire que cette décision a été prise avec l’accord des étudiants, voire en “concertation permanente” avec eux. Il serait plus correct de dire que la décision a été prise en présence de représentants étudiants, lors d’une réunion du conseil d’administration. À l’époque, ceux-ci avaient réclamé des garanties quant à l’avenir du home Ruhl. Ils ont alors jugé avoir obtenu des réponses suffisantes. Sans doute n’imaginaient-ils pas ce qu’il allait réellement advenir du lieu…
J’espère que ces quelques éclaircissements permettront d’obtenir de votre part d’autres réponses que cet énième procès en incompréhension et en futilité intenté aux représentants étudiants.
Commentaire de Lesuisse Thomas, le 19 juil 2008, sur le blog interne
Commentaire de Bernard Rentier, le 19 juil 2008 à 15:07Voilà le débat lancé! Très bien, c’est ce que j’espérais. est
Une première chose que vous devez savoir: je ne suis pas un recteur qui, par principe, est sûr d’avoir raison. C’est pourquoi je cherche toujours à amorcer le dialogue, quoi qu’il arrive. C’est sans doute aussi pourquoi je fais un blog. Ce n’est pas très “rectoral”, mais cela correspond à ma personnalité.
J’entends par là que je souhaite profondément que chaque sujet soit débattu. Quand vous serez au Conseil d’Administration, vous verrez que je ne suis jamais catégorique, encore moins dogmatique et encore moins doctrinaire. Et, évidemment, je souhaite que chacun partage ces caractéristiques (qualités ou défaut, on jugera).
Je prône la concertation, le débat, (le cas échéant si nécessaire) le vote, quoi qu’il en soit la décision, ensuite l’accord de tous de ne plus contester la décision. Si une contestation devait intervenir, elle ne peut le faire qu’en interne au Conseil, certainement pas dans la presse.
Ce qui m’a heurté, dans votre initiative, et je l’ai résumé dans le titre du blog, c’est le déballage de vos opinions (que je respecte) dans la presse avant même de me demander d’en parler. Cela, je ne puis l’admettre. Si je suis ouvert au débat, je pense qu’il doit avoir lieu en tête-à-tête et ne se répandre dans la presse que si le dialogue est bloqué.
Pas très sympa de votre part par rapport à vos prédécesseurs de les accuser d’être des spectateurs au C.A. La décision n’a pas été prise en leur présence. Ils étaient membres de droit cu Conseil avec voix délibérative et ont parfaitement pris part au débat.
Pas sympa alors à mon égard de laisser croire (sur quelle base, je le demande!) que je les ais floués en leur faisant croire que les logements resteraient à bas prix.
Je l’ai dit:
1. Impossible de maintenir les kots tel quels, j’étais submergé par les plaintes.
2. Impossible de les mettre en état sans augmenter les loyers. Sauf à trouver un financement dont vous allez m’expliquer comment et au détriment de quoi.
Je reviens donc sur un principe. L’Université est dirigée par un C.A. Ses décisions sont prises démocratiquement. En contester a posteriori la validité est anti-démocratique.
Et, en prime, un avertissement très cordial: lorsque vous serez membre du C.A., vous y aurez les mêmes droits que tous les autres membres, cela va de soi. Et notamment celui d’essayer au mieux de convaincre l’ensemble du C.A. de votre point de vue. Mais si vous décidez de partir tout seul dans la presse en opposition avec une quelconque décision du Conseil, ceci impliquera, comme pour tout autre membre du C.A. de l’ULg ou de n’importe quelle institution, votre démission immédiate.
Prôner la démocratie, c’est aussi en respecter soi-même les règles et contraintes, y compris celle de ne pas avoir toujours raison. Cela vaut pour vous, comme pour moi.
Dernière (et première) remarque: je suis toujours disponible pour rencontrer qui que ce soit et donner toutes les explications nécessaire sur n’importe quel sujet.
Bien à vous,
Bernard Rentier
Commentaire de Bernard Rentier, le 19 juil 2008 à 15:08Sincèrement, je ne pense pas qu’il y ait une quelconque difficulté pour un étudiant pour se loger à Liège, dans l’ordre de grandeur des prix pratiqués dans les villes universitaires en général.
Commentaire de Bernard Rentier, le 19 juil 2008 à 15:17Si les prix des kots du Home Ruhl étaient bas, c’est parce que ces kots étaient à la limite de l’insalubrité. Je suis pour que chacun trouve des conditions décentes de logement, mais ceci n’implique pas que le prix.
Nous n’avions pas les millions d’€ nécessaires à une restauration convenable: le C.A. a, UNANIMEMENT, décidé de vendre.
On peut contester cette décision tant qu’on veut, on vit dans un régime démocratique où la décision collective, qui plus est unanime, ne peut être remise en question à tout bout de champ. Sinon, on ne gère plus rien…
Si c’est sur ce mode que la nouvelle représentation étudiante désire participer à la décision collective, nous sommes mal partis…
Je ne suis pas de ceux qui approuvent les principes du décret « Dupuis » également appelé « décret participation étudiante », mais il est là, voté par le Parlement, et je le respecte. Fidèle à ce respect, je ne laisserai pas le mode décisionnel de l’université s’écarter des principes démocratiques de base.
Monsieur le Recteur,
La question du logement étudiant dépasse très largement le cadre de l’ULg. Vous reconnaissez vous-même que notre université est privée des moyens nécessaires pour poursuivre une politique d’aide au logement étudiant. C’est bel et bien la preuve que le problème est plus général.
Le fait que le C.A. de l’ULg ait statué démocratiquement et unanimement sur la vente du home Ruhl ne peut donc signifier que le débat public sur le logement étudiant est clos. Cette problématique concerne une multitude d’acteurs, dont la ville de Liège qui a d’ailleurs pris attitude sur le sujet via l’échevin Michel Firket. Il était donc légitime que la Fédé intervienne publiquement, non pas pour remettre en cause une décision du C.A. mais pour exprimer son inquiétude sur une problématique vaste, qui concerne au premier plan les étudiants qu’elle représente – au sein de l’université comme en dehors.
Commentaire de Thomas Lesuisse, sur le blog interne
Commentaire de Bernard Rentier, le 19 juil 2008 à 16:20Aucun problème pour ce qui me concerne à propos de ce combat. Il est très louable (sans jeu de mots en l’occurrence!).
Commentaire de Bernard Rentier, le 19 juil 2008 à 16:21La Fédé joue son rôle. Mon propos était du côté des contraintes des représentants étudiants au Conseil. Là on ne gère que ce qui est sous la responsabilité de l’ULg, bien sûr. Mais c’est effectivement un autre sujet.
A ce propos, je signale que le titrage de votre interview à RTC indiquait “Administrateur”… C’était un peu prématuré et cela induisait une confusion qui n’a pas manqué de m’être signalée quant au “devoir de réserve” qui n’est, effectivement, pas encore le vôtre.
Merci pour cette remise au point, nettement plus claire.
Je ne suis pas responsable de ce bandeau, bien que je sois formellement “administrateur”… de la Fédé (ce qu’avait probablement voulu dire le journaliste).
Commentaire de Lesuisse Thomas, le 19 juil 2008 sur le blog interne
Commentaire de Bernard Rentier, le 19 juil 2008 à 16:50Monsieur le Recteur,
Etant diplômé de l’ULg, j’ai vécu aux homes du Sart Tilman et je me permets donc de vous donner mon avis. J’ai fait partie du comité des résidents des hômes et, sans vantardise, je dois dire qu’on a bien fait avancer les choses : nouvelle salle TV, barbecue, rénovation de la cafet’. Tout ces travaux ont été réalisés grâce aux bénéfices que l’on engendrait des quelques soirées que nous organisions.
Cependant, ce qui nous a toujours frappé, c’est le manque de moyens, peut-être par désintérêt, que les instances de l’université accordaient à l’entretien du bâtiment. Visitez les hômes! Dès l’arrivée, vous verrez l’allée toute dégradée, des boiseries extérieures qui n’ont plus été entretenues depuis des décennies (qui sont cassées ou qui pourrissent). Passons à l’intérieur: électricité parfois défaillante dans certaines chambres, salles communes peu entretenues, murs sales, etc.
Je suis d’accord qu’il y a très certainement parfois un manque de respect des résidents. Mais quelle image de l’ULg auront les étudiants Erasmus, les chercheurs et les professeurs étrangers qui viennent y loger?
Je pense très sincèrement que si l’ULg ne débloque pas des fonds pour rénover, ce qui s’est passé au hôme Ruhl risque de se reproduire aux Homes du Sart Tilman. Le débat du logement des étudiants doit donc, plus que jamais, rester ouvert! Je suis également convaincu que le comité des hômes a plein d’idées constructives pour améliorer le cadre de vie des résidents et qu’ils seraient d’accord pour mettre la main à la pâte.
En espérant vous avoir intéressé,
Bien à vous,
Mathieu Dondelinger
Commentaire de Mathieu Dondelinger, le 4 août 2008 à 15:07Merci pour ces informations. Ici, le débat dévie légèrement, mais vers une problématique intéressante et qui devrait trouver rapidement une réponse.
Commentaire de Bernard Rentier, le 6 août 2008 à 8:18Clarifions:
1. Il n’a jamais été question d’abandonner les Homes du Sart Tilman.
2. Il est prévu que les résultats financiers de la vente du Home Ruhl serviront à des réalisations immobilières en faveur des étudiants (maison des étudiants, restaurant, réfection des Homes).
Tout cela n’est qu’une question de temps nécessaire pour les études, adjudications, etc. La Commission des Bâtiments est bien consciente de ces nécessités.
J’espère donc sincèrement qu’à l’occasion, quand vous passerez voir ce que sont devenus les homes dont vous vous êtes efficacement occupé dans le passé, vous serez heureux de constater qu’ils ont été modernisés et remis en excellent état.
J’ajoute que l’Université a dépensé, pour le home du Sart Tilman, un montant total de l’ordre de 400.000 € ces cinq dernières années en entretiens divers, principalement pour la sécurité incendie et la remise en état des canalisations de chauffage.
Ces travaux ne sont sans doute pas les plus spectaculaires, on peut très bien ne pas s’en apercevoir, mais ils témoignent des coûts exorbitants de la maintenance de base de ce genre de constructions après une quarantaine d’années d’existence. Ils témoignent aussi du fait que l’Université ne se désintéresse pas de ses logements pour étudiants.
Commentaire de Bernard Rentier, le 18 août 2008 à 22:37