Comme tout le monde le sait, une trombe d’eau s’est abattue sur la région liégeoise jeudi matin. Elle a frappé le Sart Tilman avec une violence et un débit inouïs. Les flots incontrôlables, emportant tout sur leur passage, ont traversé de nombreux bâtiments universitaires, les remplissant de boue et de gravats. Les dégâts sont importants en raison du matériel abîmé, du nombre de dépôts bibliographiques atteints (sans compter l’humidité qui, par temps chaud risque fort d’altérer très rapidement par des moisissures les livres et périodiques) et de la multitude de situations particulières dont nous prenons petit à petit connaissance.

Il s’agissait bien de conditions inattendues, « imprévisibles » en quelque sorte, même si un esprit chagrin a profité de l’événement pour critiquer sévèrement l’incurie des services d’entretien universitaires et du MET, et l’inconscience qu’il y aurait à mettre la réserve de livres dans un sous-sol inondable. Les bâtiments universitaires au Sart Tilman ont été construits entre 1966 et 2000, pour la plupart et s’il existe des défauts quelquefois majeurs dans la conception même de ces bâtiments, jamais une telle catastrophe ne s’est produite, elle ne pouvait donc être ni prévue ni prévenue, sauf à vouloir tout imaginer et tout prévoir. Nous n’avons d’ailleurs pas financièrement les moyens de prévenir l’imprévisible, c’est pour cela qu’on souscrit des assurances. Je suis sûr que cet énergumène aurait certainement vitupéré de la même manière si, au temps où il exerçait encore ses fonctions à l’université, on avait installé son bureau dans une cave obscure pour aménager les bibliothèques en hauteur…

Mais heureusement, pour chaque grincheux de cette espèce, il existe des dizaines de braves gens qui, lors de cet accident, se sont donnés sans compter pour éviter le pire.
On me cite les « techniciennes de surface » qui, au B31 avaient nettoyé l’accès au Foyer Culturel et l’auditoire Durkheim, dont elles avaient dégagé des quantités de boue. Elles étaient absolument exténuées et repartaient vers d’autres bâtiments sinistrés pour continuer, au moment où tout le monde quittait les lieux, faute de courant électrique.
On me cite le personnel des bibliothèques, au B52, au B6, au B32, se prêtant main-forte pour essayer de sauver ce qui pouvait l’être, de jeudi à samedi, devant renoncer à déblayer le bâtiment de géographie, où ils marchaient avec de l’eau jusqu’aux mollets, en raison des risques d’électrocution.
On me cite le personnel de l’Animalerie centrale au B23 où 3 étages en sous-sol ont été, de manière aussi subite qu’inattendue, envahis par le torrent d’eau boueuse, en même temps que se coupait le courant électrique dans tout le bâtiment. Tous se sont serrés les coudes pour, dans l’obscurité totale, parer aux urgences, dégager l’eau, protéger ce qui pouvait l’être et surtout veiller à la survie des animaux au mépris des risques pour eux-mêmes, risques pourtant évidents.

Toutes ces personnes ont fait preuve d’un dévouement exemplaire. J’ai proposé que, dans la mesure où la technique peut être rapidement mise au point, un hommage leur soit rendu sur le site web de l’ULg où une rubrique a été créée dès jeudi pour informer le personnel et les étudiants des progrès des secours et du retour à la normale. C’est ainsi que les anecdotes pourront y être rapportées dans un livre blanc virtuel où le courage et l’abnégation des uns et des autres seront reconnus publiquement.

En attendant, anonymement et collectivement, je les remercie tous du fond du cœur au nom de l’Université tout entière. C’est dans ces moments-là que la conscience professionnelle, mais aussi « l’esprit maison » se manifestent de la manière la plus émouvante.