Je ne voudrais pas donner l’impression de réduire la réflexion étudiante face à « Bologne » à celle que je décrivais la semaine dernière. La plupart des étudiants européens ont d’autres idéaux et font preuve d’une vision bien plus intéressante que celle des quelques étudiants catalans qui voulaient nous faire écrire une motion demandant la démission de leur recteur parce qu’il avait, lors d’une manifestation la semaine précédente, fait intervenir la police…
En effet, à ce même congrès de l’EUA à Barcelone, une expression plus représentative a été donnée par Christine Scholtz, une étudiante en histoire de l’art, science politique et philosophie à l’Université Libre de Berlin. Très active dans la mise en œuvre de « Bologne » en Allemagne depuis plusieurs années, elle a montré une très grande maturité dans son approche des atouts et des défauts de la réforme. En substance:
1. la mobilité étudiante reste, dans toute l’Europe, un mythe car peu d’entre eux profitent réellement des crédits transférables, faute de soutien financier;
2. la pratique des langues étrangères reste encore, dans certaines universités, très limitée, voire inexistante;
3. l’enseignement du type « gavage de poulets en batterie » subsiste encore dans quelques pays (dont le nôtre!) où l’ex-cathedra demeure un principe de base;
4. certains pays (dont le nôtre!) passent largement à côté de l’esprit de « Bologne » en maintenant une organisation de l’enseignement supérieur basée sur l’année académique, ce qui rend très peu utile la notion de crédits accumulables.

En conclusion, au lieu d’entretenir une logique d’affrontement entre autorités académiques-enseignants et étudiants, elle appelle à une alliance objective en vue d’obtenir que le processus de Bologne, voulu par les gouvernements et considéré à tort par bon nombre d’entre eux comme accompli, se réalise réellement, non pas au travers de mesures cosmétiques et peu intéressantes, globalement, mais dans l’accomplissement de ses intentions originales.