Cette semaine, lors de la réunion de l’EUA à Barcelone où étaient rassemblés 350 recteurs d’universités, les étudiants catalans se sont manifestés et nous ont octroyé deux heures de palabres dignes de la meilleure époque de la contestation universitaire de ’68, et une séquestration dans les bâtiments universitaires.
Si l’ambiance et le ton y étaient, si on se croyait, qu’on le veuille ou non, revenus à l’époque tout à la fois bruyante, brûlante et joyeuse d’il y a (déjà!) quarante ans, le sujet était moins glorieux. En effet, la revendication ici portait sur l’abolition du processus de Bologne, non seulement symbole, mais mise en œuvre à leur yeux de la décadence universitaire par la marchandisation et la mondialisation de l’enseignement.
Il n’est pas toujours facile — sans doute pas plus qu’il y a quarante ans pour les recteurs de l’époque — de suivre la rhétorique des représentants étudiants qui semblent débobiner par cœur leurs slogans bien plus qu’ils ne donnent réellement l’impression d’y croire.
Evidemment, il n’est pas simple de suivre les propos énoncés par des étudiants dont l’idéal est de n’apprendre ni l’anglais, ni le français, ni aucune autre langue, et qui portent sur la gratuité des études, le droit universel à la réussite et le refus systématique de la mobilité et de l’internationalisation, symbole selon eux de la globalisation perverse des universités et de l’élitisme financier.
Si on pouvait se retrouver dans l’atmosphère (qui m’a paru cependant plus grave et désabusée mais peut-être n’est-ce qu’un effet d’optique dû au temps qui passe), on ne pouvait se reconnaître dans les idéaux ni dans la nature même du combat et de la revendication.
Sommes-nous devenus comme les bourgeois de Brel, ou les enjeux ont-ils réellement changé ?