En lançant la pétition pour le sauvetage de la recherche belge, je pensais que nous aurions le soutien d’une proportion raisonnable de chercheurs dont la plupart auraient fait partie de groupes de recherches ayant bénéficié des moyens accordés par l’Etat Fédéral belge dans le cadre des Pôles d’Attraction Interuniversitaires, ainsi que de chercheurs des Etablissements Scientifiques Fédéraux. J’espérais ainsi pouvoir récolter un bon millier de signatures, ce qui aurait été un message significatif à transmettre au Premier Ministre afin d’attirer son attention sur le danger de mettre à mal la politique scientifique fédérale. Je savais également que je risquais de ne susciter que l’émotion des francophones, plusieurs responsables politiques flamands s’étant clairement prononcés à plusieurs reprises pour un transfert de la compétence de recherche vers les Communautés et Régions.

Aussi est-ce avec étonnement que je constate aujourd’hui que plus de 7.000 signatures ont été déposées sur la liste. La majorité d’entre elles émanent d’universitaires belges (70%) et parmi elles, 80% sont francophones. Toutefois, on constate une montée en puissance des signataires flamands: 3% vendredi, 8% lundi, 14% mardi et 20% aujourd’hui. Mon inquiétude de voir les chercheurs belges se cliver en francophones favorables et néerlandophones défavorables à notre action s’estompe donc, la participation flamande ayant pris du retard mais progressant fort rapidement maintenant. Certes, mon collègue président du VLIR et moi-même avons reçu des messages très hostiles, voire même très rudes, de la part de personnalités académiques et scientifiques flamandes, mais ceci reste anecdotique, même si le calibre de ces personnalités est parfois fort impressionnant. Mais il est soulageant de voir que la croissance des adhésions flamandes ressemble fort à la première vague, avec une semaine d’écart. L’intérêt d’une recherche conjointe prend le pas sur la tentation égoïste (et peu scientifique) de faire régionaliser les fonds sur base d’une clé de répartition plus déséquilibrée en raison de critères discutables.

Autre nouveauté cette semaine: l’afflux des signatures venant de l’étranger, souvent de chercheurs qui ont activement participé en tant qu’experts internationaux à la sélection des projets de PAI. Voici un extrait significatif, parmi bien d’autres: « As an external reviewer, I have been able to appreciate the extremely high quality of the research carried out under one of the IAP programmes. The programme brought together several laboratories from all Belgian regions and attracted several international partners, resulting in important results that would not have been achieved by any single partner. Losing this type of collaborative grant would be a terrible loss for Belgium ».
Merci à nos collègues de tous les pays du monde d’exhorter nos dirigeants à reprendre leurs sens. Leur témoignage et leurs encouragements sont notre argument le plus solide.

La pétition restera active jusqu’au début de la semaine prochaine, puis elle sera remise au Premier Ministre. Elle est ouverte à tous ceux qui pensent que tout programme qui encourage une recherche collaborative entre équipes performantes et compétentes doit être maintenu, voire amplifié, et à tous ceux qui comprennent que ce n’est pas parce qu’il existe des incitants européens à la collaboration internationale et à la création de réseaux qu’un effort comparable ne doit pas être maintenu dans notre pays.

En recherche, la rétraction sur soi est une mauvaise politique.