Le 21 janvier 2008.

Monsieur Guy Verhofstadt,
Premier Ministre de Belgique

Monsieur le Premier Ministre,

Dans la note sur la réforme des institutions que vous avez récemment proposée au Roi, on peut lire que vous vous interrogez sur le transfert aux régions et/ou communautés de certains leviers socio-économiques, dont, en particulier, la politique scientifique. Vous évoquez également la suppression graduelle du financement fédéral des domaines qui relèvent, sur le fond, des compétences des communautés et des régions et, à cet égard, vous pensez aux pôles d’attraction interuniversitaires (PAI).

S’il est bien une mesure à laquelle tous les chercheurs belges, néerlandophones comme francophones, sont profondément attachés, ce sont les PAI. En effet, ces programmes apportent à la recherche belge un véritable ballon d’oxygène sur le plan financier, mais, mieux encore, ils incitent à la collaboration entre les équipes de recherche du nord et du sud du pays. En effet, à une époque où chacun réalise l’importance des programmes collaboratifs de recherche, à une époque où se développent les programmes interuniversitaires transfrontaliers eurégionaux et les grands programmes européens, la collaboration entre les chercheurs belges eux-mêmes, par-delà la frontière linguistique, apparaît comme une évidence. Enfin, notre pays profite beaucoup de ces collaborations en termes d’image internationale, en particulier dans les domaines où la masse critique se montre essentielle.

C’est à vous que ces éloges rendent hommage, Monsieur le Premier Ministre, puisque c’est vous-même qui fûtes à l’origine des PAI il y a vingt ans, vous les avez personnellement conçus, défendus et mis en application. Une cérémonie prestigieuse à laquelle de très nombreux chercheurs belges ont participé rappelait, il y a quelques semaines, l’importance de cette initiative et de sa pérennité. Venant de quiconque d’autre que vous, la proposition de sa suppression aurait bien moins de crédibilité et donc de poids.

Notre souci s’étend aux établissements scientifiques fédéraux dont la crédibilité internationale est directement proportionnelle à leur ampleur. L’idée de les diviser en deux rappelle désagréablement les aberrations commises par les actions simplistes et néfastes perpétrées à la fin des années soixante au nom d’un séparatisme aveugle. Si la recherche n’a pas de frontières nationales ou continentales, elle en a encore moins de linguistiques.

Nous tenons à vous exprimer l’inquiétude du monde de la recherche en Belgique et vous demandons instamment de revoir votre position sur ce sujet, avant que votre gouvernement — ou celui qui le suivra — ne mette la mesure de suppression à exécution.

Avec l’espoir que cette requête trouvera toute votre attention, recevez, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Les membres de la communauté scientifique belge

Cette lettre constitue le texte de la pétition qui pourra très prochainement être signée électroniquement sur un nouveau site créé à cet effet et dont je communiquerai très largement l’adresse dès qu’elle sera opérationnelle. Merci d’avance de vous joindre à moi pour la signer.