sam 19 jan 2008
Lettre ouverte au Premier Ministre
Posté par Bernard Rentier dans Politique interuniversitaire , Recherche2 Commentaires
Le 21 janvier 2008.
Monsieur Guy Verhofstadt,
Premier Ministre de Belgique
Monsieur le Premier Ministre,
Dans la note sur la réforme des institutions que vous avez récemment proposée au Roi, on peut lire que vous vous interrogez sur le transfert aux régions et/ou communautés de certains leviers socio-économiques, dont, en particulier, la politique scientifique. Vous évoquez également la suppression graduelle du financement fédéral des domaines qui relèvent, sur le fond, des compétences des communautés et des régions et, à cet égard, vous pensez aux pôles d’attraction interuniversitaires (PAI).
S’il est bien une mesure à laquelle tous les chercheurs belges, néerlandophones comme francophones, sont profondément attachés, ce sont les PAI. En effet, ces programmes apportent à la recherche belge un véritable ballon d’oxygène sur le plan financier, mais, mieux encore, ils incitent à la collaboration entre les équipes de recherche du nord et du sud du pays. En effet, à une époque où chacun réalise l’importance des programmes collaboratifs de recherche, à une époque où se développent les programmes interuniversitaires transfrontaliers eurégionaux et les grands programmes européens, la collaboration entre les chercheurs belges eux-mêmes, par-delà la frontière linguistique, apparaît comme une évidence. Enfin, notre pays profite beaucoup de ces collaborations en termes d’image internationale, en particulier dans les domaines où la masse critique se montre essentielle.
C’est à vous que ces éloges rendent hommage, Monsieur le Premier Ministre, puisque c’est vous-même qui fûtes à l’origine des PAI il y a vingt ans, vous les avez personnellement conçus, défendus et mis en application. Une cérémonie prestigieuse à laquelle de très nombreux chercheurs belges ont participé rappelait, il y a quelques semaines, l’importance de cette initiative et de sa pérennité. Venant de quiconque d’autre que vous, la proposition de sa suppression aurait bien moins de crédibilité et donc de poids.
Notre souci s’étend aux établissements scientifiques fédéraux dont la crédibilité internationale est directement proportionnelle à leur ampleur. L’idée de les diviser en deux rappelle désagréablement les aberrations commises par les actions simplistes et néfastes perpétrées à la fin des années soixante au nom d’un séparatisme aveugle. Si la recherche n’a pas de frontières nationales ou continentales, elle en a encore moins de linguistiques.
Nous tenons à vous exprimer l’inquiétude du monde de la recherche en Belgique et vous demandons instamment de revoir votre position sur ce sujet, avant que votre gouvernement — ou celui qui le suivra — ne mette la mesure de suppression à exécution.
Avec l’espoir que cette requête trouvera toute votre attention, recevez, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de nos sentiments les meilleurs.
Les membres de la communauté scientifique belge
Cette lettre constitue le texte de la pétition qui pourra très prochainement être signée électroniquement sur un nouveau site créé à cet effet et dont je communiquerai très largement l’adresse dès qu’elle sera opérationnelle. Merci d’avance de vous joindre à moi pour la signer.
Cher Bernard Rentier,
Commentaire de Didier Allaer, le 24 jan 2008 à 1:54J’écoutais l’émission « faits du jour » vers 13h15, un exercice, j’en conviens, extrêmement difficile, mais au combien important, de communication vers le « grand public ».
J’admire votre combativité et votre dynamisme.
J’ai été heurté par les propos de Geert Lambert du parti SPIRIT, l’étroitesse du raisonnement qui consiste à laisser penser que la Communauté Flamande préférerais perdre des subsides fédéraux plutôt que de devoir les partager avec des universités francophones est guidée certainement par une logique politique, mais l’ambiguïté du raisonnement montre combien même dans ce domaine nous semblons nous éloigner irrémédiablement.
Je suis optimiste, je crois dans notre capacité à faire face à de nouveaux défis, continuons à nous battre pour défendre la recherche comme moteur du développement, c’est fondamental mais je pense qu’il faille aussi se préparer à un nouvel environnement pour la recherche en Communauté Française. Cela nous renforcera.
Didier
En effet, comme toujours, c’est un exercice terriblement frustrant, en raison de la brièveté de l’entretien. Les propos simplistes et démagogiques passent toujours beaucoup mieux, dans ces conditions, que les explications sérieuses.
Commentaire de Bernard Rentier, le 24 jan 2008 à 10:44Mais quand j’ai entendu M. Lambert expliquer qu’il serait bon de scinder en deux l’Institut Royal Météorologique parce qu’il ne donne jamais les prévisions du temps à La Panne, où il habite, j’ai compris que j’avais devant moi un personnage qui confondait Etablissement Scientifique Fédéral et bulletin météo de la radio et qu’on n’irait pas loin comme ça. C’étaient des propos de café du commerce et indignes d’un responsable politique soi-disant informé.
Je crains fort que l’avis d’un élu de cette carrure vaille beaucoup plus que nos quatre mille signatures de chercheurs dans les choix à faire prochainement. C’est déprimant.