Dans la revue The Scientist (que je mentionnais il y a peu pour avoir classé la Belgique au premier rang des pays de cocagne pour la recherche) paraissait, il y a quelques jours, un article de Joseph J. Esposito, consultant spécialiste en éditions scientifiques, article rempli de contre-vérités qui indiquent clairement le conflit d’intérêt que représente son intervention dans un tel journal. Le débat qui suit son article (merci à The Scientist de publier tout ce courrier fort édifiant) reflète la réaction de nombreuses personnes qui relèvent dans l’article tous les poncifs présentés par le lobby des grands éditeurs dont j’ai déjà souvent parlé et dont les méthodes rappellent curieusement et tristement celles des lobbies du tabac. Heureusement, ici au moins, on ne joue pas avec la santé des gens, seulement avec l’argent de la recherche.

En résumé, il pense (dans une interview radio podcastée où il s’exprime suite à son article) que l’OA est le spam de la recherche…
Il pense que ce qui manque aux chercheurs, ce ne sont pas les moyens nécessaires pour acheter les revues (dont, soit dit en passant, le prix moyen a triplé pendant que l’index des prix à la consommation augmentait de 30 %), mais c’est le temps de les lire et que, par conséquent, augmenter par internet le nombre d’articles à lire serait un cauchemar, impliquant ainsi que la sélection par l’argent est la bonne sélection. Il oublie que les moteurs de recherche nous indiquent les articles, mais qu’on peut juste en apercevoir le titre et parfois le résumé: pour lire l’article, il faut souscrire.
Il pense qu’on n’a qu’à être dans une « bonne » institution qui a des moyens, pas dans une petite institution qui fait ce qu’elle peut face aux prix pratiqués, pas dans un pays en développement, et il appelle ça des « exceptions », ce qui est risible. Aucune université au monde ne peut s’offrir les 25.000 revues à révision par les pairs qui existent aujourd’hui.
Il pense que l’OA consiste à éviter la révision par les pairs et n’est donc réservé qu’à une science de mauvaise qualité, ce qui est absurde. Le peer reviewing est au départ une affaire de chercheurs, pas d’éditeurs. Ce sont d’ailleurs forcément des chercheurs qui révisent!
Il pense que les défenseurs de l’OA font du lobbying, oubliant que le lobbying, c’est lui et ses consorts payés par les multinationales de l’édition scientifique qui le pratiquent. Nous, nous essayons bénévolement de défendre une diffusion large du savoir.
Bref, un véritable florilège !
Il pense décidément trop, ce monsieur, et mal. Si ce n’est qu’il est payé pour dire ce qu’il dit.