Il est surprenant de constater le temps qu’il aura fallu pour que des institutions de grande qualité scientifique finissent par contester les méthodes ridiculement inadéquates qui sont employées pour les juger et les classer.

Voici enfin qu’un boycott des « rankings » est proposé par un groupe d’universités américaines. Il est commenté par D. Butler dans la revue Nature (447, 514-515, 31 May 2007) et par S. Harnad ce 3 juin dans l’American Scientist Open Access Forum.

En Europe, les voix ont été plus discrètes. Rares sont ceux d’entre nous qui ont rejeté d’emblée les « rankings » sur base de leur médiocrité scientifique, beaucoup ont accepté ces classements comme incontournables, certains ont même essayé de manipuler les chiffres à leur avantage et personne n’a vraiment réussi à convaincre la presse d’ignorer ces informations.

En substance, l’analyse de Nature est la suivante: « Experts argue that [the rankings] are based on dubious methodology and spurious data, yet they have huge influence. All current university rankings are flawed to some extent; most, fundamentally ».

Les auteurs défendent un point de vue qui est le mien depuis le début: aucun classement, que ce soit celui du U.S. News & World Report, celui du British Times Higher Education Supplement (THES) ou celui de la Jiao Tong University à Shanghai, pour citer les plus connus, n’est basé sur des critères ni sur une méthodologie irréprochables, loin s’en faut. Quant aux données du Thomson Scientific’s ISI citation data, elles sont inutilisables pour opérer des classements — le nom d’une même institution s’écrit de manière différente dans différents articles, voire même est mal orthographié ou complètement omis selon les cas — et elles ne concernent que les publications.

La conclusion est nette, les rankings, dans leur forme actuelle, sont purement et simplement à oublier.