Après la boutade de mon affichage précédent, je tiens à revenir plus sérieusement sur le fond du problème de classement international des universités.

Il est vrai que le classement du Times Higher Education Supplement (THES) pèche essentiellement par le fait qu’il résume chaque université à un seul chiffre après avoir tenté d’évaluer de très nombreux critères, objectifs et subjectifs, très différents les uns des autres. Comme il désire faire un classement unique, il y est bien obligé. Pour obtenir ce chiffre, il faut faire une sorte de moyenne en donnant un poids relatif à chacun des critères. L’approche d’Henry Tulkens consiste à remettre en cause ce poids relatif et à établir une nouvelle pondération qui tienne mieux compte des réalités universitaires. En soi, cette préoccupation est très louable. Personnellement, je suis aussi preneur d’une méthode plus adaptée, si — et puisque — il faut vraiment entrer dans l’ère des classements.

Mais alors, je pense qu’il fallait aller plus loin, et dénoncer non seulement le poids relatif accordé aux critères, mais leur rassemblement en une seule valeur. On peut faire un classement des universités sur la qualité des logements, la beauté du campus ou son intégration urbaine, le rapport encadrants-encadrés, la qualité de la formation de ses ingénieurs, de ses médecins, de ses juristes OU de ses philologues, le nombre de ses Prix Nobel, le nombre de ses entreprises spin-off, le nombre de livres dans ses bibliothèques, le nombre de mètres carrés, d’arbres ou de places de parking par étudiant, etc. Mais tous ces classements n’ont que l’intérêt de ce qu’ils représentent et ne sont pas mélangeables ni moyennables. Il faut donc maintenir des classements séparés, pour qu’ils restent réellement informatifs, pour que chacun y trouve exactement ce qu’il cherche, si tant est que c’est à cela que doivent servir les classements…

Le choc ne venait pas de l’initiative compréhensible de notre collègue Tulkens, il venait du traitement de son travail par un hebdomadaire qui ne nous a pas habitués à des dérives sensationnalistes en cette matière et qui n’a guère fait dans le détail cette fois-ci. J’écris par ailleurs au journal pour y défendre ce point de vue.

Placée en 201è position en 2006, l’ULg a échappé au retraitement des données par l’étude de l’UCL qui n’a concerné que les 200 premières institutions selon le THES. Je ne sais donc ce que cela aurait donné mais cela m’importe peu. Quel que soit le sérieux qu’on puisse appliquer à cette manipulation des données, elle reste toujours une manipulation et elle prête forcément le flanc à la critique. On pourra toujours lui reprocher de servir un propos délibéré, surtout quand, dans toute sa subjectivité, elle sert l’institution de l’auteur, suscitant ainsi la suspicion.

Il est temps que les universités s’entendent sur le moyen de donner au public des informations sur leurs qualités et défauts respectifs de la manière la plus objective qui soit, sans faire d’amalgame et sans simplification réductrice.

On ne peut résumer une université à un chiffre et encore moins à une position dans un hit parade.