juillet 2009


Tout le monde sait aujourd’hui que je tiens énormément à ce que les enseignants que l’ULg recrute en son sein ou au dehors aient, au préalable, effectué au moins un séjour de longue durée à l’étranger. C’est presque devenu une plaisanterie…

Ce n’est pourtant pas nouveau. Personne ne peut plus dire « on ne savait pas ». C’était déjà un objectif que nous nous étions fixés, le recteur Legros et moi, dès 1997, comprenant clairement que nous ne pouvions pas parler sérieusement d’internationalisation de l’université sans cela. Evidemment, nous ne disposions d’aucun moyen pour atteindre ce but. En effet, le C.A. ne peut se montrer plus exigeant que la Loi. Or un long séjour à l’étranger n’est pas légalement requis pour accéder à une charge de cours.
On ne peut donc placer l’exigence qu’ensuite, parmi les critères attendus pour une promotion. C’est évidemment trop tard. Lorsqu’une personne se voit confier une charge de cours, on attend d’elle, au moins dans les premières années, qu’elle soit très présente pour accomplir ses missions. C’est avant qu’il faut agir.

J’ai pris l’habitude de rencontrer personnellement les nouveaux chargés de cours qui n’ont pas effectué de long séjour professionnel de recherche à l’étranger. Dans la majorité des cas, s’ils ne l’ont pas fait, ils me confient que c’est parce qu’on ne leur en a pas laissé l’occasion. Les « patrons » semblent considérer que leurs jeunes collaborateurs leur sont plus utiles s’ils restent auprès d’eux, et sacrifient donc leur carrière à des contingences immédiates. Sans doute pensent-ils que cela n’a pas d’importance.

C’est cette indifférence que je souhaite ébranler, en faisant en sorte que chacun prenne conscience que le séjour de longue durée (pour moi, 1 an minimum, mais depuis quelques années, on transige hélas à 6 mois…) à l’étranger n’est en rien remplacé par de nombreux séjours de trois jours ou d’une semaine, ni par la participation à des colloques et des congrès, ni par des collaborations actives avec des équipes étrangères. C’est un état d’esprit, une véritable expérience, une épreuve en quelque sorte.

Croyez-le ou non, je reçois encore des plaidoyers (pas tellement de la part des intéressés, mais plutôt de leurs « patrons » ou de collègues qui soutiennent leur candidature) arguant que dans telle ou telle branche, le séjour à l’étranger ne se justifie pas. Cet argument s’applique généralement aux cas où la matière étudiée est soi-disant locale! Mais le séjour à l’étranger vise à acquérir l’expérience irremplaçable de l’adaptation au travail dans un autre environnement, pas nécessairement à avancer dans la recherche qu’on a réalisée jusque là. A la limite, il vaut même mieux changer de sujet, ne serait-ce que temporairement, pour des raisons évidentes d’élargissement du champ d’expertise et/ou de réflexion.
A côté de cette sotte excuse, on en trouve aussi souvent une autre: « qui va encadrer les stages ou les TP si untel s’en va un an ? » Pire: « Dans notre domaine, la présence ici est indispensable ».
Entendre cela, dans une université comme la nôtre, n’est plus acceptable.

Aussi ai-je demandé au C.A. le 3 juillet de me donner carte blanche pour élaborer un règlement précis sur les exigences s’appliquant à l’accès à une fonction académique, avec pour accord de principe de rendre cette exigence incontournable pour les promotions. Cette nouvelle réglementation sera soumise à un prochain C.A. Et je ne désespère pas d’arriver un jour à placer cette exigence avant la primo-nomination, là où elle doit opérer une sélection.
Aujourd’hui, 45% des nouveaux chargés de cours n’ont jamais séjourné en dehors de l’ULg au moins 6 mois. C’est trop. Nous devons encourager les séjours post-doctoraux à tout prix.

Beau score!

Je suis, une fois de plus, fier de nos chercheurs qui se sont magnifiquement comportés dans la compétition pour les mandats et fonds de recherche du FRS-FNRS.
Notre université, dont le ratio de financement basé sur le critère unique du nombre d’étudiants est d’environ 22%, emporte un succès bien supérieur dès que le critère devient celui de la qualité en recherche.
Cette année, nous emportons 26,15% des mandats d’aspirant (26% des renouvellements) et 25,9% des mandats de chargé de recherche (32,4% des renouvellements).
Quant aux chercheurs qualifiés, nous en obtenons 43,5% mais là, il s’agit bien évidemment de remplacement de postes libérés, soit par des chercheurs ayant atteint l’âge de la retraite, soit par des chercheurs ayant obtenu une nomination de chargé de cours. Ce qui démontre le haut taux d’académisation des chercheurs FNRS permanents à l’ULg.

Verte découverte

Pour près de 200 « liégeois », la visite de la Faculté de Gembloux nouvellement intégrée à l’ULg fut une découverte émerveillée. Le cadre, les bâtiments, l’arboretum, la météo aidant, servirent de préambule à une joyeuse fête magnifiquement orchestrée, débutant par un discours sympathique du futur vice-Recteur du site, Eric Haubruge, (avec traduction simultanée en liégeois, charmante et humoristique attention!), suivi par un barbecue géant, arrosé de bière gembloutoise et de péket liégeois.
Et la fusion de nos institutions fut accompagnée de celle de l’autoroute E42 qui se liquéfia sous le soleil brûlant de lundi et bouscula l’horaire!

Incubateur

C’est lors des diverses proclamations de fin d’études organisées pour chaque faculté par temps de canicule qu’on se rend le mieux compte que les lourdes toges de l’ULg (identiques dans toutes les institutions universitaires anciennement « d’Etat » comme à Gand) ont été conçues pour tenir bien au chaud les professeurs qui, au début du 19è siècle enseignaient l’hiver dans des auditoriums non chauffés…

Préparatifs

Les dernières décisions ont été prises pour les événements de la rentrée:

- la Rentrée académique, le 17 septembre. L’évènement sera d’envergure, sous le signe de la communication entre les Hommes. La musique sera l’archétype de la communication universelle entre les humains et l’Internet celui du support actuel de cette communication, la nouvelle révolution gutenbergienne qui, sans faire disparaître les moyens plus anciens, crée les conditions de l’amplification et de l’accélération de la communication et promeut donc l’essor des sujets à communiquer eux-mêmes. Si la qualité de cet accroissement laisse perplexe, au moins assiste-t-on à un retour de l’écriture comme moyen de communication, au moins temporairement. Deux inventeurs du www, qui ont développé le http et le langage html, des éléments-clés de notre vie quotidienne aujourd’hui, Tim Berners-Lee et Robert Cailliau, seront mis à l’honneur. Quant à la musique, elle sera doublement célébrée, d’abord par la remise des insignes de docteur honoris causa à des grands passeurs de musique, comme nous avions reçu des passeurs de littérature il y a deux ans (et, entre nous, la série continuera l’an prochain!), ensuite par la tenue d’un concert gratuit où toute la communauté ULg est invitée, célébrant l’œuvre de ces artistes le même soir dans la Salle Philharmonique, avec le concours de l’Orchestre Philharmonique de Liège. Grandiose.
Nous célébrerons ainsi Dick Annegarn, Anthony Braxton, Arvo Pärt, Henri Pousseur (à titre posthume malheureusement), Frederic Rzewski, Archie Shepp et Robert Wyatt.
Et toutes ces personnalités participeront activement aux conférences-débats du matin: « Passeurs de Musique » à la Salle académique et « Jusqu’où le web tissera-t-il sa toile? » à l’Europe.

- la remise du Prix Einstein et du Prix Leonardo da Vinci du Conseil Culturel Mondial à l’ULg le 25 novembre. Des personnalités, d’envergure planétaire elles aussi, dans le domaine des sciences et dans celui des arts, recevront leur prix dans notre Salle Académique.

Communication, encore

Et puisqu’on parle de qualité de la communication, une heureuse nouvelle est tombée: notre journal interne « Le 15è Jour », qui avait reçu le premier grand prix de la communication interne d’entreprise de l’Association belge de la Communication interne (ABCI) il y a dix ans exactement, vient d’être à nouveau couronné avec un deuxième prix ex-æquo cette année.

Fausse note

Malheureusement, mercredi, la Fédé s’égare et lance dans la presse une campagne de dénigrement de son Alma Mater intitulée « Comment l’ULg veut étouffer un scandale ». Navrant. En établissant une corrélation entre le suicide d’un étudiant chinois il y a un an et la promotion d’un enseignant au CA ce vendredi, la Fédé se trompe de cible, exige que l’ULg reconnaisse ses torts (rien à voir avec la promotion de l’enseignant) alors que toutes les mesures ont été prises pour que la procédure disciplinaire des étudiants non régulièrement inscrits (ce qui était le cas) soient désormais traités comme les autres. C’était la conclusion logique de ce drame et l’ULg l’a parfaitement tirée depuis lors. L’anomalie a été corrigée et il n’est nullement besoin de s’acharner à obtenir d’injustes représailles. Point à la ligne.
Par cette sortie inattendue, la Fédé 1) rompt le pacte conclu entre nous, 2) dévoile deux jours avant le CA un point de l’ordre du jour (les points concernant les personnes sont particulièrement confidentiels, en principe), 3) révèle que l’étudiant chinois s’était rendu coupable d’actes de harcèlement sexuel sur une enseignante, ce qui lui a valu d’être exclu après plusieurs semonces mais que nous avions toujours évité de dévoiler pour ne pas salir sa mémoire, et finalement, 4) en divulguant des noms à la presse, procède à un véritable lynchage public d’une personne qui n’est ni accusée, ni inculpée, ni jugée, ni condamnée et qui n’a aucune raison de l’être. Ces quatre fautes dont la dernière est gravissime sont inacceptables et ont été réprouvées par tous les membres non-étudiants du CA, sincèrement indignés.
J’avais promis de ne plus étaler publiquement nos dissensions avec la Fédé et j’aurais vraiment souhaité m’y tenir, mais une telle attaque frontale dans la presse, comme toujours sans prévenir, m’a fait sortir de ma réserve. Quand donc la Fédé cessera-t-elle de s’emparer de chaque prétexte pour attaquer l’Université et tout le monde, en se posant en une sorte de justicière universelle, tout en commettant des bévues insupportables ?

Peintres liégeois

Enfin, pour clôturer cette chaude semaine, une superbe exposition d’œuvres de peintres liégeois connus et moins connus, faisant partie de la remarquable collection personnelle d’Eliane et Léopold Bragard, à l’Abbaye de Valdieu (jusqu’au 12 juillet, de 14 à 18h), parmi lesquelles figurent deux toiles de mon père. Un beau moment.