Le 7 décembre prochain, une journée de grève sera organisée par un front commun syndical suite à la décision d’Arcelor-Mittal de mettre fin à l’activité sidérurgique à chaud dans le bassin liégeois. Comme à chaque action de grève générale, notre université sera confrontée à de délicates prises de décision face à la participation d’une partie de ses agents à la grève, ce qui :
- déséquilibre le fonctionnement , voire provoque des dysfonctionnements,
- oblige à réaliser un inventaire des absences,
- génère une surcharge administrative en raison des formulaires de déclaration de journée non prestée, donc non payée,
sans compter les affrontements avec les éventuels piquets de grève et les désagréables conséquences que cela comporte.
Pluraliste, l’Université de Liège ne prend pas officiellement position dans les controverses d’ordre philosophique ou politique. Elle ne s’associe pas en tant que telle aux actions de grève quoi qu’elle essaie généralement de permettre à chacun d’assumer ses propres choix. Cependant, conformément au « Projet pour l’ULg » que j’avais soumis et qu’elle a adopté en 2009, elle s’est donné des valeurs et des principes auxquels elle peut aisément se référer:
« L’Université de Liège aspire à figurer parmi les meilleures universités, afin de préparer ses étudiants à devenir d’excellents citoyens du monde. Elle promeut les valeurs d’une société aussi équitable que durable et mène des travaux de recherche de grande qualité au service de Liège, de la Région wallonne et de l’humanité tout entière.
L’Université de Liège veut fournir à ses étudiants, aux membres de son corps professoral et à tout son personnel les ressources et les conditions idéales pour la formation et pour la recherche. Elle veut créer un environnement de travail dédié à l’excellence, l’équité et le respect mutuel. Elle coopère avec les gouvernements fédéral, régional et communautaire, les entreprises, l’industrie et les professions libérales, ainsi qu’avec les autres établissements d’enseignement et avec la collectivité, poursuivant l’objectif de découvrir, diffuser et appliquer de nouvelles connaissances et de préparer ses étudiants à la carrière de leur choix. Elle vise à améliorer la qualité de la vie et à nourrir ses enseignements grâce à une recherche de qualité.
L’ULg souhaite que ses étudiants apprennent à développer un esprit analytique solide, par la résolution de problèmes et la réflexion critique, qu’ils reçoivent une excellente formation en recherche et en communication, qu’ils soient bien informés, adaptables et innovants. En tant que membres responsables de la société, les diplômés de l’ULg doivent avoir été familiarisés à la diversité, au travail avec et pour leurs communautés. Ils doivent devenir des agents de changement positif, conscients de leurs obligations en tant que citoyens du monde, et œuvrer à assurer un développement durable et un avenir équitable pour tous ».
Sans tomber dans le travers d’une grève qui n’aurait aucun sens pour l’Université dans ce cas précis, nous pouvons néanmoins marquer notre soutien aux victimes et à leurs familles par une action spectaculaire mais spécifiquement universitaire. c’est aussi la demande formulée par les étudiants administrateurs siégeant au C.A. de l’ULg et adoptée, dans son principe général, par celui-ci le 16 novembre dernier.
Dans cet esprit, j’ai demandé à la Communauté universitaire de suspendre ses activités ordinaires le 7 décembre (hormis, bien entendu, les activités qui ne peuvent souffrir d’interruption pour les nécessités du service ou le maintien de l’outil) et non pas en faire un jour de congé mais une journée d’activités universitaires en relation avec le renouveau économique tant attendu dans notre région. Ce sera une journée entièrement consacrée à une réflexion citoyenne sur des thématiques en relation avec la manifestation. Divers éléments nous interpellent: l’évolution économique régionale dans une économie mondiale chancelante, la réaction de repli sur soi et d’individualisme à outrance, l’indifférence au sort des autres, l’effort permanent pour tirer son épingle du jeu et maximiser les mécanismes de profit. Mais sans doute ne faut-il pas condamner sans connaître, sans tenter de comprendre, ni mettre tout le monde dans le même sac. Sans doute faut-il échanger les idées et les points de vue, peser le pour et le contre de chaque opinion et se faire la sienne avec un maximum d’information de tous bords. Dialogue et rencontres. Notre université regorge de compétences les plus variées, elle peut en outre inviter des personnalités extérieures à nous communiquer leur manière de voir, leurs réflexions personnelles, leurs craintes et leurs aspirations. Cet évènement devrait être également pérennisé afin de rappeler périodiquement qu’il s’git d’un objectif important et permanent à l’ULg.
La journée du 7 décembre (l’initiative pourrait devenir annuelle) sera donc, à l’ULg, la « Journée de l’Eveil Citoyen ». Nous comptons sur toutes les compétences et toutes les bonnes volontés pour animer cette journée importante.