novembre 2011


Le 7 décembre prochain, une journée de grève sera organisée par un front commun syndical suite à la décision d’Arcelor-Mittal de mettre fin à l’activité sidérurgique à chaud dans le bassin liégeois. Comme à chaque action de grève générale, notre université sera confrontée à de délicates prises de décision face à la participation d’une partie de ses agents à la grève, ce qui :
- déséquilibre le fonctionnement , voire provoque des dysfonctionnements,
- oblige à réaliser un inventaire des absences,
- génère une surcharge administrative en raison des formulaires de déclaration de journée non prestée, donc non payée,
sans compter les affrontements avec les éventuels piquets de grève et les désagréables conséquences que cela comporte.

Pluraliste, l’Université de Liège ne prend pas officiellement position dans les controverses d’ordre philosophique ou politique. Elle ne s’associe pas en tant que telle aux actions de grève quoi qu’elle essaie généralement de permettre à chacun d’assumer ses propres choix. Cependant, conformément au « Projet pour l’ULg » que j’avais soumis et qu’elle a adopté en 2009, elle s’est donné des valeurs et des principes auxquels elle peut aisément se référer:

« L’Université de Liège aspire à figurer parmi les meilleures universités, afin de préparer ses étudiants à devenir d’excellents citoyens du monde. Elle promeut les valeurs d’une société aussi équitable que durable et mène des travaux de recherche de grande qualité au service de Liège, de la Région wallonne et de l’humanité tout entière.
L’Université de Liège veut fournir à ses étudiants, aux membres de son corps professoral et à tout son personnel les ressources et les conditions idéales pour la formation et pour la recherche. Elle veut créer un environnement de travail dédié à l’excellence, l’équité et le respect mutuel. Elle coopère avec les gouvernements fédéral, régional et communautaire, les entreprises, l’industrie et les professions libérales, ainsi qu’avec les autres établissements d’enseignement et avec la collectivité, poursuivant l’objectif de découvrir, diffuser et appliquer de nouvelles connaissances et de préparer ses étudiants à la carrière de leur choix. Elle vise à améliorer la qualité de la vie et à nourrir ses enseignements grâce à une recherche de qualité.
L’ULg souhaite que ses étudiants apprennent à développer un esprit analytique solide, par la résolution de problèmes et la réflexion critique, qu’ils reçoivent une excellente formation en recherche et en communication, qu’ils soient bien informés, adaptables et innovants. En tant que membres responsables de la société, les diplômés de l’ULg doivent avoir été familiarisés à la diversité, au travail avec et pour leurs communautés. Ils doivent devenir des agents de changement positif, conscients de leurs obligations en tant que citoyens du monde, et œuvrer à assurer un développement durable et un avenir équitable pour tous ».

Sans tomber dans le travers d’une grève qui n’aurait aucun sens pour l’Université dans ce cas précis, nous pouvons néanmoins marquer notre soutien aux victimes et à leurs familles par une action spectaculaire mais spécifiquement universitaire. c’est aussi la demande formulée par les étudiants administrateurs siégeant au C.A. de l’ULg et adoptée, dans son principe général, par celui-ci le 16 novembre dernier.

Dans cet esprit, j’ai demandé à la Communauté universitaire de suspendre ses activités ordinaires le 7 décembre (hormis, bien entendu, les activités qui ne peuvent souffrir d’interruption pour les nécessités du service ou le maintien de l’outil) et non pas en faire un jour de congé mais une journée d’activités universitaires en relation avec le renouveau économique tant attendu dans notre région. Ce sera une journée entièrement consacrée à une réflexion citoyenne sur des thématiques en relation avec la manifestation. Divers éléments nous interpellent: l’évolution économique régionale dans une économie mondiale chancelante, la réaction de repli sur soi et d’individualisme à outrance, l’indifférence au sort des autres, l’effort permanent pour tirer son épingle du jeu et maximiser les mécanismes de profit. Mais sans doute ne faut-il pas condamner sans connaître, sans tenter de comprendre, ni mettre tout le monde dans le même sac. Sans doute faut-il échanger les idées et les points de vue, peser le pour et le contre de chaque opinion et se faire la sienne avec un maximum d’information de tous bords. Dialogue et rencontres. Notre université regorge de compétences les plus variées, elle peut en outre inviter des personnalités extérieures à nous communiquer leur manière de voir, leurs réflexions personnelles, leurs craintes et leurs aspirations. Cet évènement devrait être également pérennisé afin de rappeler périodiquement qu’il s’git d’un objectif important et permanent à l’ULg.

La journée du 7 décembre (l’initiative pourrait devenir annuelle) sera donc, à l’ULg, la « Journée de l’Eveil Citoyen ». Nous comptons sur toutes les compétences et toutes les bonnes volontés pour animer cette journée importante.

À Washington se tient Berlin 9, la neuvième édition du rassemblement annuel des signataires de la Déclaration de Berlin sur l’Open Access (OA), étendu aujourd’hui à un public très large, y compris des sociétés d’édition.
Hier à eu lieu la journée de pré-conférence à laquelle j’étais invité à décrire ORBi, notre dépôt institutionnel,  l’historique de la mise en place de ce bel outil et la stratégie développée en interne pour y arriver ainsi que les éléments qui me font penser que c’est un succès.

À l’étranger, ORBi est connu et considéré comme un modèle du genre. Les spécialistes en ont fait le type 1 de la typologie développée pour décrire les différents systèmes existant aujourd’hui.
ROAR (Registry of Open Access Repositories) qui effectue des « rankings » (tres objectifs, ceux-là) classe ORBi en première position mondiale en termes d’activité moyenne (médium). On ne trouve une autre université qu’en huitième position, et non la moindre: l’Université de Southampton, pionnière mondiale des dépôts institutionnels en OA. Pendant la période de croissance qui a suivi la lancement d’ORBi, nous avons même occupé la première place de la catégorie « activité haute » mais nous y sommes redescendus à la 27e place depuis que nous sommes en vitesse de croisière pour les dépôts: 63 par jour en moyenne (nous avions atteint la moyenne de 75).

Le succès est en grande partie lié au caractère « obligatoire » du dépôt. En fait, il n’a rien d’obligatoire (la nuance est d’importance dans la guerre permanente qui nous oppose à certains éditeurs-requins) puisque la stratégie à l’ULg n’est autre que l’ignorance, dans tout processus d’évaluation, des articles non déposés dans ORBi. À chacun de décider ce qu’il ou elle veut faire. Il n’y a donc pas d’obligation formelle. Je sais que ceci fera sourire, mais la précision à tout son poids.

Aujourd’hui, au sein de l’institution, le caractère plutôt coercitif de la mesure est globalement bien compris et surtout, les avantages d’ORBi pour les chercheurs eux-mêmes n’est plus à démontrer. Nous le faisons néanmoins à l’aide d’évaluations statistiques probantes.

Le modèle ORBi, de type 1, est donc devenu le modèle de référence. Il ne lui manque plus qu’un élément pour devenir la référence absolue: la cession par chaque auteur de ses droits, non plus à l’éditeur comme aujourd’hui encore, mais à l’Université. Celle-ci pourra alors détenir un vaste portefeuille de droits qui constituent un atout majeur dans les négociations difficiles avec certains éditeurs opiniâtrément attachés à leurs gigantesques profits et qui n’hésitent pas à intimider les chercheurs en interagissant avec eux individuellement. La cession des droits n’a rien d’inconvenant: les universités détiennent déjà actuellement les droits de propriété intellectuelle des chercheurs, ce qui les met en première ligne pour la valorisation des recherches. Cette appropriation des droits d’auteur (je le répète: actuellement concédés aux éditeurs et qui sera librement consentie) dans des conditions bien spécifiées trop longues à exposer ici (telles que la possibilité de rétrocession à l’auteur, etc.) constitue maintenant la prochaine étape à laquelle je souhaite faire participer la communauté universitaire de la recherche à l’ULg.

C’est, avec URBi (University Repository of Biographies, le futur dépôt institutionnel des CV), le prochain objectif institutionnel en matière de production scientifique. Ces initiatives mettent notre université en lumière au niveau international et je m’en réjouis.

Ma présentation à Washington est disponible sur… ORBi bien sûr!